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Le repentir selon le Père Sophrony - Sens et pratique du repentir

Sur le repentir, voir aussi :

St Silouane : Sur le repentir
Père Placide : Le repentir, clef de la vie en Christ
Mgr Jean : Le repentir : homélie de Mgr Jean de Pergame
Dom Louf : Le repentir et la vie en Christ


Le repentir est la toile de fond de toute notre vie ascétique (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 50).

 

Se voir pire que tous

Pleurer de tout son être est l’état normal de celui qui se repent vraiment. Plus la crainte d’être éternellement séparé de Dieu est violente, plus l’horreur de notre ignominie est profonde, et plus total sera l’élan de notre esprit dans la prière. (La Félicité de connaître la voie, p. 165).

 

Descendue du Ciel, la Lumière de l’enseignement évangélique éclaire notre regard intérieur et affine la sensibilité de notre cœur. Ainsi, ce qui auparavant était imperceptible pour nous ne peut plus désormais rester dissimulé ; tout mouvement du cœur ou de la pensée est rapidement décelé, et nous nous voyons tels que nous sommes. Plus la crainte de nous trouver indignes de Dieu sera forte, et plus notre monde intérieur sera « à nu » et devant nous-mêmes et, bien sûr, devant la face de Dieu […]. Le chrétien découvre en lui le mal sous toutes ses formes, soit manifestement, soit secrètement présent au-dedans de lui, du moins comme possibilité ; et il se voit, en vérité, pire que tous et que tout. (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 85-86).

 

Jugeant du bien et du mal non d’après la quantité des actes accomplis à l’extérieur, mais d’après la qualité des pensées qui le visitent et d’après les réactions de son âme à l’égard de ces « visiteurs », l’ascète se connaît vraiment comme le pire de tous les hommes. Parallèlement à cela, nonobstant toute sa turpitude, il se voit comblé de grâce par Dieu, au-delà de toute mesure (cf. Jn 3, 34) (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 107).

 

Culpabilité et haine de soi

Ainsi donc, ce qui est en jeu, c’est la perfection divine. Ceux qui ont soif de devenir fils de Dieu […] doivent être rigoureux envers eux-mêmes, poussant jusqu’à son ultime limite le sentiment de leur responsabilité pour chacune de leurs déviations de la loi d’amour du Père. Nous voyons la tendance inverse dans la psychiatrie contemporaine : libérer les hommes du « complexe de culpabilité », ce qui conduit à des conséquences désastreuses. (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 169).

 

Passer de la corruption héritée d’Adam au domaine de la Lumière éternelle du Christ est un événement incomparablement plus important que tous les autres faits qui se déroulent sur la terre. Le signe que nous approchons de ce grand mystère, c’est l’apparition en nous de la sainte haine de soi (cf. Lc 14, 26). (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 69).

 

Il est salutaire que se développe en nous une aversion du péché et qu’elle se transforme en haine de soi-même. Autrement, nous risquons de nous accommoder et de nous habituer au péché ; celui-ci a de si nombreuses facettes et, en même temps, est si subtil que dans la plupart des cas nous ne remarquons même pas sa présence dans tout ce que nous faisons, même dans celle de nos actions qui sont bonnes en apparence. (Sa vie est la mienne, p. 66).

 

Se condamner à l’enfer

Il est écrit que rien d’impur n’entrera dans le Royaume de l’Agneau de Dieu (cf. Ap 21, 27). Nous nous éprouvons sévèrement nous-mêmes, et, sans pitié, nous nous condamnons à l’enfer, comme étant indignes de Dieu. Ainsi seulement nous surmontons notre propension invétérée à considérer nos faiblesses avec indulgence, à nous pardonner facilement nos transgressions, surtout si nous les accomplissons en pensée. Notre jeu est grandiose ; notre mise, c’est tout notre être ; si nous gagnons, c’est l’immortalité dans la Lumière sans commencement. « Le Royaume des Cieux souffre violence, et ce sont les violents qui s’en emparent » (Mt 11, 12). (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 69).

 

Un mouvement incessant et sans fin

Au début, le repentir est accompagné d’une profonde tristesse ; ensuite, variant dans son intensité et ses dans ses formes, il reste avec nous sans plus nous quitter. Le repentir ne connaît pas de fin sur terre ; sa fin signifierait la plénitude de notre déification par une assimilation parfaite au Christ, jusque dans sa glorieuse Ascension. (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 110).

 

Repentir « ontologique »

C’est par un repentir total que nous nous arrachons à l’étreinte mortelle de notre individualisme et que nous sommes introduits dans la contemplation de l’universalité divine du Christ « qui nous a aimés jusqu’à la fin ». (Voir Dieu tel qu’Il est, p. 90).