SAINT EPHREM LE SYRIEN
HYMNE A L’EPIPHANIE
1.
Adam pécha, acquit toutes les peines,
et le monde, à son exemple, tous les péchés;
Mais loin qu'à son relèvement il se prît à songer,
il semblait trouver à sa chute du plaisir :
Gloire à Celui qui vint le relever !
REFRAIN :
Gloire à Celui qui vint le relever !
2.
C’est la raison pourquoi le Pur
est venu avec les impurs, lui aussi, se faire baptiser;
Pour lui rendre gloire, le ciel s'est déchiré;
Lui qui purifie tout, il s'est fait baptiser avec tous;
Il est descendu dans l’eau : pour notre baptême il l'a sanctifiée.
3.
La raison qui le pousse à entrer au sein maternel
est celle même qui le pousse à descendre dans l’eau;
La raison qui le pousse à entrer au tombeau
est celle même qui le pousse à nous introduire en sa chambre:
de toutes les manières il parfait l’humanité.
- Sa conception est le dépôt de nos bénédictions;
Sa naissance est le trésor de nos joies;
Son baptême est la cause de notre rentrée en grâce ;
Sa mort est la cause de notre vie;
La mort, seul il l'a désolée par sa résurrection.
5.
A sa naissance l'astre de lumière dans l'air a resplendi;
Lors de son baptême la lumière dans Peau a fulguré;
A sa mort le soleil au firmament s'est obscurci ;
Lors de sa Passion les luminaires ont sombré avec Lui;
A son Épiphanie les luminaires sont apparus avec Lui.
6.
Il a révélé sa gloire de par sa Majesté;
Il a révélé ses souffrances de par son humanité;
Il a révélé son amour de par sa bonté;
Il a révélé son jugement de par sa justice;
Il a donné à goûter ses propriétés à ceux qui sont à Lui.
7.
Celui qui, voyant ses souffrances, le renie,
qu’il vienne et que, voyant sa gloire, il l'adore !
Et celui qui le méprise, insultant sa bonté,
qu'il craigne en ressentant sa justice !
Il a offert ses secours à ses adorateurs.
8.
L'Orient sur le matin a resplendi;
Le Midi au milieu du jour s'est assombri;
L'Occident sur le soir à nouveau s'est éclairci :
les trois points cardinaux figuraient l'Enfant unique,
proclamaient sa mort, sa vie aussi.
9.
Sa Naissance s'est attachée au Baptême, bien vite;
Son Baptême à son tour a rejoint la Mort;
Sa Mort, prenant le relais, a touché à la Résurrection :
vers son royaume quadruple pont !
Voici son troupeau qui le traverse à sa suite !
10.
Et de même que sans la porte de la Naissance
nul ne peut entrer dans la création,
de même, sans le pont de la Résurrection,
nul ne peut entrer dans le Royaume :
quiconque brise le pont ruine son espérance.
11.
Il a revêtu l'Armure et, vainqueur, il a été couronné ;
Il a laissé son Armure sur la terre et il s'est élevé :
quelqu’un convoite-t-il la couronne ?
Qu'il vienne à l'Armure et que par elle il prenne
la couronne et la victoire qu'il aime !
12.
Il a accompli la justice sur la terre, puis il s'est élevé :
s'il a été baptisé, Lui qui rend tout pur,
quel homme ne serait point baptisé ?
Car la Grâce au baptême est venue
pour laver l’infection de nos blessures.
13.
Toute puissante est la contrainte de Dieu;
Ce n’est pas la contrainte, pourtant, qui a eu sa prédilection,
mais le libre vouloir doué de discernement;
Aussi nous a-t-il invités de bien des façons
pour nous rendre la vie sans contrainte, par la persuasion.
14.
Dans sa bonté, il a fait en sorte de concilier les deux :
il n'a pas voulu faire violence à notre liberté;
Il n'a pas consenti non plus à la laisser à elle-même;
La contraignait-il en effet ? Il lui ôtait son libre arbitre;
L’abandonnait-il? Il se frustrait du pouvoir de la secourir.
15.
La contrainte, il le savait, nous eût frustrés;
L’indulgence, il le savait, nous eût perdus;
En nous instruisant, il le savait, il nous gagnerait;
Il ne nous a ni contraints ni abandonnés comme le Mauvais :
il nous a instruits, corrigés et gagnés dans sa bonté.
16.
Il savait que son Trésor est bien garni;
Les clefs de son Trésor, il les a mises en nos mains;
De sa Croix il a fait notre Trésorière
afin qu’elle nous ouvrît les portes du Paradis,
puisqu’Adam avait ouvert la porte de la Géhenne.
17.
Furent des fils à l’Adam premier
qui tombèrent et sombrèrent dans le péché;
Le Père si envoyé son Fils bien-aimé;
Baptisé, il les a derechef enfantés :
ils ont trouvé la vie dans une seconde naissance.
18.
Voici que l'Esprit Paraclet,
tel un grand Scribe, inscrit les mots,
les noms des baptisés ; il les présente
au Père en guise d’héritiers
dans l'Éden où pour beaucoup il y a place.
19.
J'ai vu le soleil, mes frères, à son lever
depuis l'Orient, Mère des clartés;
Mon esprit, à sa vue, s’emplit d’émerveillement :
comme il est conçu, comme il naît quotidiennement,
et comme ses scrutateurs cherchent à le scruter.